27avr. 2022

Déclaration des élu-e-s TAE suite aux résultats du second tour de l'élection présidentielle.


Déclaration TAE Conseil municipal – 25 avril 2022

En premier lieu, nous voulions exprimer avec force notre satisfaction d’avoir vu le RN de Marine Le Pen être battu hier. Individuellement et par l’intermédiaire de nos organisations politiques, nous avons une nouvelle fois fait part, lors de cette campagne, de notre engagement contre l’extrême droite et ses projets dangereux contre la démocratie, contre la République, contre ses valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité, contre aussi ses principes fondamentaux.

Malgré toutes les entreprises de banalisation et de dédiabolisation, Marine Le Pen est, reste et restera d’extrême droite ! C’est justement pour cela qu’ E. Zemmour l’a finalement soutenu. Elle a le même logiciel que Poutine, Orban, Salivini et autre Bolsonaro…

Pour nous, et comme le soulignait Patrick Le Hyaric il y a quelques jours, il n’est pas question de laisser les tenants de la guerre identitaire, de la préférence nationale, de l’abolition du droit du sol, de la disparition des lois antiracistes, de la remigration et de ses charters, du capitalo-nationalisme et son cortège de concurrence des travailleurs entre eux, de service aux plus fortunés, d’un coup de force constitutionnel caché sous les atours de la démocratie, prendre les leviers de l’État.

L’article 1er de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, intégré sur proposition des forces de la Résistance dans le préambule de la Constitution, est un bien commun du peuple français en son entier. Il proclame notamment l’égalité sans distinction d’origine, de condition, de naissance, de croyance, d’apparence, de sexe et de genre. C’est ce que veut torpiller la candidate d’extrême-droite avec son projet de « priorité nationale ». À force de semer depuis des années, les graines de la division, de la haine de l’autre… À force de fustiger les quartiers populaires, les musulmans et les privés d’emploi… À force de fermer la porte aux jeunes du Moyen-Orient fuyant les guerres, aux Africains fuyant la famine et le terrorisme… À force de mener campagne pour des lois « séparatistes »… À force de banaliser le parti d’extrême-droite, au point de ne plus le classer ainsi, le ministre de l’Intérieur, issu de la « Sarkosie », la trouvant même « trop molle », un boulevard a été ouvert à la candidate de l’extrême-droite, fasciste, raciste, xénophobe, homophobe, antisémite, clientéliste, nationale-libérale, nationale-capitaliste.

Le principe de laïcité chez elle est instrumentalisé. Il n’est pas conçu comme un droit ou une liberté. Elle le détourne pour en faire un moyen de contrôle de la société et d’une chape de sécurité culturelle et identitaire contre une religion : la religion musulmane.

Ceux qui depuis des années banalisent l’extrême-droite à des fins électorales portent une lourde responsabilité. Le fascisme n’est pas banalisable ! Et celles et ceux qui hier, aujourd’hui et demain, croient utiliser un bulletin Le Pen pour se faire entendre préparent leur propre étouffement.

Oui, avec de telles menaces, la République est au bord de l’abîme. Dire non au fascisme en utilisant le seul bulletin disponible hier était donc pour nous de notre responsabilité.

Mais pour être tout à fait clair : en utilisant hier ce bulletin de vote « Macron », il n’était pas question pour nous d’approuver la retraite à 65 ans, la conditionnalité du RSA à un travail forcé, la mise en concurrence des écoles au sein d’une même ville, les nouveaux cadeaux envisagés pour le capital sous le doux mot « d’impôts de production », l’entaille de la sécurité sociale et une nouvelle austérité sous couvert de paiement d’une dette qui ne profite qu’aux fonds financiers. Ce n’était pas un vote pour E. Macron mais contre le « lepéno-zemmourisme ».

Nous avons donc utilisé le bulletin « Macron » mais nous l’avons fait sans aucune concession à l’égard du président sortant ! Nous ne nous faisons aucune illusion sur E. Macron. Pendant cinq ans, nous n’avons cessé de combattre ses politiques, y compris ici au sein du CM et restons convaincus que seul un rapport de force suffisant, dans la rue comme dans les institutions, pourra le faire reculer.

Notre intervention ce soir dépasse, nous le savons, largement le cadre des questions que nous sommes traditionnellement amenées à traiter dans nos affaires municipales. Mais Trélazé, même avec une identité forte, même avec cette tradition ouvrière et de gauche, n’est pas un village gaulois à l’écart des tendances et des enjeux nationaux. J’en prends pour preuve les résultats électoraux des 10 et 24 avril. Entre 2017 et hier, Emmanuel Macron a perdu 177 voix et presque 10 % pendant de Marine Le Pen a gagné 708 voix et 10 %. Quand à l’analyse par quartiers, nous avons des sujets d’inquiétude devant nous puisqu’elle monte jusqu’à 38 % dans un de nos quartiers, la Quantinière et plafonne très souvent au-delà des 30 %. Ce n’était pas l’habitude à Trélazé.

Lors des débats budgétaires notamment, nous avons, vous et nous, l’occasion de revenir sur le contexte national et de mettre nos analyses et propositions en perspective. Ce fut le cas à propos de la pandémie et de la crise de l’hôpital public ou du système de santé en France en proie depuis plusieurs années des politiques d’austérité. Ce fut aussi le cas à propos de nos vives et légitimes inquiétudes vis-à-vis de la politique gouvernementale et de ses conséquences sur les collectivités locales ou les moyens dont elles disposent (et disposeront) pour mener à bien leurs missions. A plusieurs reprises enfin, lors des dernières années, nous avons de notre côté pointé nos inquiétudes relatives aux dotations d’État, à la mise sous tutelle des collectivités locales, à la question de la taxe d’habitation ou enfin aux contrats Cahors, au rejet des amendements relatifs à la politique de la Ville, au rapport Borloo, aux saignées dans le monde du sport… Nous avons échangé fréquemment sur ces points, ici, lors de commissions ou de discussions plus informelles au dehors.

Jamais, E. Macron n’a voulu tirer les leçons des conditions de son élection, imposant sans vergogne violence sociale, autoritarisme, mépris des citoyens et celui des corps intermédiaires. Jamais, il n’a voulu admettre que 73 % de celles et ceux qui se sont rendus aux urnes ont voté contre lui, et qu’il est pour une large part comptable du fort taux d’abstention.

C’est un immense cri de colère sur fond d’usure démocratique qui s’est exprimé, notamment le dimanche 10 avril 2022. Contrairement à d’autres périodes, le candidat-président ne pouvait pas compter sur un autre candidat républicain pour sceller un compromis en vue d’une majorité de second tour. Une fois encore, c’est aux électeurs de gauche et écologistes qu’il a été demandé d’être responsables pour deux, au service de la République. Ils ont eu la responsabilité de conjurer le pire.

Si, comme beaucoup, nous avons donc poussé un « ouf de soulagement » hier soir, la menace fasciste n’est pas derrière nous. D’élection présidentielle en élection présidentielle, l’extrême droite progresse. Jamais elle n’a été, sous la Ve République, aussi proche du pouvoir. Loin donc d’être un accident électoral, cette séquence appelle des réponses à la hauteur des dangers existants, des réponses pour, non seulement faire face aux fractures, aux tensions, aux inégalités profondes qui traversent notre société mais aussi pour sortir de l’enfermement politique de nos concitoyens dans un système unique, sans autre perspective de rupture et de transformations sociales, démocratiques, écologiques, féministes.

Notre diversité politique, notre appartenance à diverses forces politiques de gauche, écologistes et citoyenne nous amènent à appeler à une triple mobilisation donc : mobilisation pour battre Le Pen donc mais aussi une mobilisation sociale et une mobilisation unitaire pour porter l’espoir d’une majorité de gauche à l’Assemblée nationale en juin prochain. La société, le peuple, les créateurs ont l’impérieux devoir d’inventer et de se mobiliser dans l’unité.

Sur Trélazé comme ailleurs, les électeurs de gauche aspirent à d’autres politiques que celles menées depuis des années. C’est le cas de tous ceux qui, dans leur diversité, ont porté leurs voix, le 10 avril dernier, sur J.-L. Mélenchon, Y. Jadot, F. Roussel, A. Hidalgo, Ph. Poutou ou N. Arthaud. Chaque électeur, qu’il ait voté pour ses convictions et/ou par calcul électoral doit être respecté car chaque expression est légitime. La gauche et les écologistes ne doivent pas se perdre en invectives stériles, en postures hégémoniques ou revanchardes. Toutes ces attitudes seront contre-productives, non seulement pour toute la gauche mais aussi et surtout pour tous ces gens qui aspirent légitimement à vivre mieux dans un avenir très proche, à choisir une voie de transformation sociale et de progrès à vocation majoritaire. Il est donc impératif de dépasser les clivages et les accusations infondées pour faire prévaloir ce qui nous rassemble.

Pour ce faire et pour qu’il y ait un débouché politique à la situation politique que nous traversons, n’oublions pas qu’il y aura « un troisième tour » avec les Législatives en Juin. Dès aujourd’hui, il convient donc de créer les conditions pour que la gauche l’emporte dans un maximum de circonscriptions.

Si le préalable était bien évidemment d’écarter le danger fasciste le 24 avril prochain, il revient donc à toutes (!) les forces de gauche et écologistes de prendre dès à présent leurs responsabilités pour ces Législatives. En parallèle, nous soutiendrons toutes les démarches visant à permettre le développement d’un mouvement social exigeant d’ambitieuses mesures économiques, environnementales, sociales, sociétales… Les manifestations du 1er mai seront en cela un moment important. Il appartient aussi aux forces de gauche et écologistes d’amplifier la tendance observée lors du premier tour des Présidentielles pour la gauche (dont le résultat total augmente de 4,27 points par rapport à 2017 et s’établit à près de 32 %) en allant notamment convaincre les millions d’abstentionnistes qu’une autre politique est possible. Il leur appartient enfin de travailler ensemble, à partir de leurs projets respectifs pour se rassembler autour d’engagements communs et dans le respect de chacune des composantes, de garantir le soutien aux députés de gauche sortants, et de faire élire le plus grand nombre de députés de gauche en visant l’obtention d’une majorité de gauche à l’Assemblée.

A toutes les échelles, les élus que nous sommes se mobiliseront. Nous contribuerons et soutiendrons ce qui permettra de faire passer l’emploi d’abord et l’émancipation humaine, le travail avant le capital et les dividendes, obtenir l’augmentation des salaires, des retraites et du pouvoir d’achat, rebâtir une République sociale, laïque et universaliste, forte contre les discriminations, le racisme et l’antisémitisme, agir face à l’urgence climatique et pour la souveraineté énergétique, industrielle, alimentaire de notre pays, faire grandir une voix indépendante de la France pour la paix et la coopération en Europe et dans le monde.

A nos yeux, ces exigences appellent une mobilisation à toutes les échelles d’intervention (de l’international au local). Et si nous sommes bien conscients qu’ elles ne pourront pas se concrétiser seulement à partir de notre action locale, cette dernière par nos initiatives, pourra y contribuer dans de nombreux domaines.

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